psy reichien aux mains balladeusesPsy reichien auto-proclamé ? En 1978, j’avais commencé une thérapie chez un psy très particulier. Découvrez ses pratiques dans mon témoignage.

Imaginez: la consultation commence par un déshabillage. Petite culotte et soutien-gorge pour mon amie. Slip pour moi. Et le psy reichien se mettait lui aussi en slip !

Lisez la suite de cette mésaventure dans mon témoignage ci-dessous.

Psy reichien: touche-à-tout aux mains baladeuses 

« Moi j’aime bien mettre ma main là ».

Je me rappelle de cette phrase. Il l’avait prononcée en posant sa main doucement sur le sein de ma copine. Ensuite il avait fait glisser sa main sur son sexe.

Nous étions en 1978. A l’époque, j’avais 25 ans. J’avais surtout passé les vingt-trois premières années de ma vie chez mes « géniteurs ». Le tyran domestique au centre. La soumise à la cuisine et à la lessive. Quant à leur rejeton, il devait être sage comme une image ! Et obéir au doigt et à l’oeil !

Mal dans ma peau. J’étais à la recherche d’un mieux-être. Je cherchais via les livres. Via les magazines. Via les conférences. A l’époque, je lisais des ouvrages sur la bio-énergie, la Gestalt-thérapie, l’analyse transactionnelle. C’était nouveau. J’étais très emballé. J’avais envie de tout essayer. Même si je ne voyais pas bien les différences spécifiques entre toutes ces techniques.

Où avais-je trouvé l’adresse de ce psy reichien ?

J’avais lu ses articles dans un journal de gauche. J’avais pris contact avec lui. Pour commencer une psychothérapie. Mon amie m’accompagnait. Elle était aussi en recherche d’un mieux-être.

Première rencontre: il nous avait tutoyés. Comme si nous étions ses amis. Je pense que cela nous avait mis à l’aise. Premier entretien: il avait été très expéditif. Deux, trois questions pour faire le tour de nos problématiques. Et aussi une question très directe: « Comment cela se passait quand on faisait l’amour ? »

Dans son cabinet de consultation, on faisait un peu de tout: exercices de bio-énergie, massage du dos, jeux de rôles et un peu de verbalisation. Mais chez ce psy reichien, il y avait quelque chose en plus. Chez lui, la séance commençait par un léger déshabillage ! Petite culotte et soutien-gorge pour elle. Slip pour moi. Et lui aussi, il se mettait « en tenue de travail ». Si j’ose dire…

Psychothérapie et nudité ?

Je me rappelle de la deuxième séance. A un moment donné, il s’est couché à côté de mon amie. Il a posé une main sur un de ses seins (ou plus exactement sur son soutien-gorge !). Et il s’est exclamé: « Moi j’aime bien mettre ma main là ». Ensuite, il m’a invité à faire de même sur son autre sein. Puis, il a fait glisser sa main sur son sexe (ou plus précisément sur sa petite culotte !).

Nous nous sommes laissés faire. Avions-nous le choix ?

Avec le recul (j’écris ce témoignage en 2005 !), je dirais que nous n’avions pas le choix. Mais il faut remettre les choses dans leur contexte. Et il faut aussi dire les choses telles qu’elles étaient à l’époque. Nous étions un peu paumés dans la vie. Ni elle, ni moi, n’aurions osé dire non à ses attouchements. Il avait un certain pouvoir sur nous. Nous étions un peu comme des pantins entre les mains d’un « charmant marionnettiste ».

Pendant la séance, on se laissait faire. Mais, après la séance, chez nous, nous en parlions ensemble. Un chose était claire: il y avait un malaise. Mais quel malaise ? Ce n’était pas la nudité qui nous dérangeait. Nous avions déjà pratiqué le naturisme. Mais peut-être n’avait-il pas mis des mots précis sur son initiative si particulière ?

Ses mains baladeuses ? Qu’est-ce que cela venait faire dans une psychothérapie ? Était-ce réellement une thérapie ? Et, si nous la continuions, allait-il aller jusqu’au passage à l’acte sexuel ? A deux (lui et mon amie) ? A trois (avec moi aussi) ? Le malaise était là.

Bref, nous avons pris ensemble la décision de ne pas poursuivre cette thérapie. Et je lui avais envoyé une lettre pour lui en faire part. Je me rappelle: j’avais joint un recueil de mes poèmes à ce courrier. (A cette époque, la poésie était importante pour moi).

Que va faire le psy reichien ?

Quelques jours plus tard, j’ai reçu un choc en retour ! C’est le moins que je puisse dire. Dans sa lettre très agressive, il m’a littéralement démoli. En une vingtaine de phrases. Il avait pris ici et là quelques vers de mes poèmes. Et avec une bonne dose d’ironie, il avait ridiculisé mon comportement, mes pensées, ma créativité. Ainsi que la décision que nous avions prise ensemble (mon amie et moi).

Par contre, il n’avait rien écrit de méchant concernant mon amie. Il avait même laissé sous-entendre que ce serait bon pour elle de continuer la thérapie. Avec lui. Mais sans moi.

Très honnêtement, cette lettre nous avait perturbés quelque temps. Nous l’avions fait lire à une amie en qui nous avions confiance. Elle avait été scandalisée. Cela nous avait fait chaud au coeur.

Ce psy reichien avait une réputation de partouzard !

Plus tard, lors de rencontres dans des groupes de développement personnel, j’avais entendu parler de lui. En fait, ce psy reichien n’avait pas vraiment une bonne réputation. Plusieurs femmes (qui ne se connaissaient pas) m’avaient affirmé: « Il les veut toutes dans son lit ! ». D’autres personnes me parlaient de lui en terme de « partouzard ».

Ces échos me faisaient finalement plaisir. En choisissant de mettre fin à la thérapie (?) avec lui, nous avions fait le bon choix.

Mais cette mésaventure pose question. Et renvoie à un sujet tabou. Le psychothérapeute peut-il « toucher » au sexe ? Et faire l’amour avec ses patientes ? Et ses patients ?

Réponse: NON. C’est même considéré comme une faute déontologique grave. Mais à l’époque, je ne le savais pas. Que dit la déontologie:

psy reichien aux mains balladeuses - abstinence sexuelle - SNPPsy
Ce psy avait donc une toute autre démarche. Une autre approche de la thérapie. En fait, il se servait de son statut de « psy reichien autoproclamé » pour assouvir ses besoins sexuels (et/ou ses fantasmes ?) avec sa clientèle.

Bref, il avait abusé de notre confiance. Il avait profité de notre naïveté. Il avait essayé de nous manipuler. Pour nous conduire petit à petit dans son univers « pervers ». Ceci dit, je n’ai pas l’impression d’avoir été traumatisé par cette expérience. Par contre, ce psychothérapeute a été un frein à mon cheminement. Et à mon épanouissement.

Pourquoi ? A 25 ans, je ne savais pas qu’il y avait aussi des praticiens «sérieux». Et consciencieux. Aussi après cette mésaventure, je ne voulais plus entendre parler de psychothérapie. Alors que j’en avais besoin.

Ma première psychothérapie: échec ou erreur ?

Première conséquence. Je me suis orienté vers d’autres disciplines. Des activités comme l’expression corporelle, l’art dramatique ou le travail du clown,… m’ont réellement aidé à m’exprimer et à m’extérioriser. Mais le problème avec les techniques (de développement personnel): il n’y a pas de suivi psychologique.

En fait, sans m’en rendre compte, j’avais laissé mon passé en veilleuse. Dès lors, mon cheminement a été très chaotique. Et j’ai continué à vivre avec des hauts et des bas. Et avec plus de bas que de hauts.

Deuxième conséquence. Ne pouvant plus faire confiance à un psy (professionnel ?), j’ai reporté ma confiance sur des amis. Et sur des personnes de passage (rencontrées lors de stages de développement personnel). Aujourd’hui, je les appelle: les « psycho-bricoleurs ». Ils étaient remplis de bonnes intentions. Mais eux, ils ont réellement fait beaucoup de dégâts dans ma vie.

Avant de faire une psychothérapie, analysez votre psy !

«Dans son cadre sain, la psychothérapie est le lieu de parole du patient. Le patient n’a pas à être soumis aux narrations de la vie de son thérapeute, ni à des échanges intimistes ou intimes.» – Martine Maurer

 

«Les deux sexes sont concernés (…). La thérapeute-séductrice peut y sévir. Il lui arrive de se servir de son statut nouvellement acquis pour se construire une petite cour d’admirateurs et d’admiratrices et assouvir ses fantasmes de ‘douce’ manipulation.» – Norbert Vogel

Conclusion. Le comportement de ce psy reichien pose question. Comment un être manipulateur « braqué sur le sexe » peut-il se déclarer « psychothérapeute » ? Réponse: la profession n’était pas réglementée en 1978. N’importe qui pouvait s’auto-proclamer « psychothérapeute ». Et faire ce qu’on appelle de la « thérapie sauvage ».

J’ajoute que dans mes recherches d’information sur le phénomène de la dérive sectaire du thérapeute, j’ai découvert que ce psy reichien avait été cité par des instances officielles lors de la commission parlementaire « secte » en Belgique.

Soit je n’en suis pas mort. Mais je pense avoir perdu beaucoup de temps. J’ai mis près de dix ans avant d’oser reprendre un rendez-vous avec un autre psy. Et, paradoxe, je suis tombé sur un autre… « personnage particulier » !

Et la morale de cette mésaventure: avant de commencer une psychothérapie, une analyse, intéressez-vous d’abord à la formation et à l’éthique du thérapeute. A ce sujet, vous obtiendrez des informations utiles auprès des différentes fédérations professionnelles.

© Daniel Van Onacker, 2015 – Reproduction interdite. Partage sur les réseaux sociaux autorisé via les boutons ci-dessous.

psy reichien aux mains balladeuses

Crédits Photos:

Clarita (Anges – Page d’accueil) – www.morguefile.com/creative/clarita
Clarita (Anges) – www.morguefile.com/creative/clarita
Penywise (Marionnette) – www.morguefile.com/creative/penywise

Inconduite sexuelle des thérapeutes: ressources pour approfondir un sujet tabou

Livres

– Baur Susan, Les relations sexuelles entre psys et patients, Payot
– Bègue Angélique, Abusée par mon psy, Editions de l’Arbre, 2011
– De Urtubey Louise, Si l’analyste passe à l’acte, PUF
– Frenette Lyse, Ces femmes qui ont consulté des manipulateurs, Editions du Fada
– Maurer Martine, Comment choisir son psychothérapeute, Editions Hommes & Perspectives
– Vogel Norbert, La Malpsy® – Conseils pour distinguer le bon psy du charlatan, Presses de la Renaissance, 2004

Articles

– Dillen Didier, Au lit avec son psy.

– Kramermann Rachel, Pourquoi l’analyste n’a ni relations amicales ni amoureuses avec ses patients ? 

– Marmion Jean-François (Le Cercle Psy), Rapports sexuels entre psys et patient(e)s: histoire d’une omerta. (PDF).

– Valiquette Marie, D. Ph., Le rapprochement sexuel thérapeute-patient. Disponible en PDF.

Ebooks format PDF (à télécharger)

– Lassonde Julie (pour l’Association québécoise Plaidoyer-Victimes), Rapport de recherche «Les rapprochements sexuels entre professionnels de la santé et clients». 2009. 

– Association québécoise Plaidoyer-Victimes, Guide d’information «Les rapprochements sexuels entre un professionnel de la santé et un ou une cliente: un interdit, une agression sexuelle, un crime».

– Association québécoise Plaidoyer-Victimes, Dépliant «Les rapprochements sexuels entre un professionnel de la santé et un ou une cliente: un interdit, une agression sexuelle, un crime»

– Ordre des Psychologues du Québec, Fiche déontologique «Éléments de clarification en ce qui a trait à l’inconduite sexuelle». Mai 2002.

– CSSS d’Antoine-Labelle, Avis du Comité d’éthique clinique sur l’interférence de relations sexuelles, amoureuses, ou de liens affectifs dans les relations professionnelles. Mars 2010.

– Collège des médecins du Québec, L’inconduite de nature sexuelle Relation Médecin-Patient(e). 2008.

Inconduite sexuelle: êtes-vous pour la tolérance-zéro ? Donnez votre avis !

«Art. 44. Les rapprochements à connotation ou à caractère sexuels et les relations sexuelles entre psychologue et client ou sujet sont strictement proscrits.» (Extrait de l’Arrêté Royal fixant les règles de déontologie du psychologue. Publié au Moniteur Belge le 16 mai 2014 en vigueur à partir du 26 mai 2014). Disponible sur https://www.compsy.be/code de deontologie

 

«Article 59.1 – Constitue un acte dérogatoire à la dignité de sa profession le fait pour un professionnel, pendant la durée de la relation professionnelle qui s’établit avec la personne à qui il fournit des services, d’abuser de cette relation pour avoir avec elle des relations sexuelles, de poser des gestes abusifs à caractère sexuel ou de tenir des propos abusifs à caractère sexuel». (Extrait du Code des professions, L.R.Q. c. C-26, art. 59.1.) – Disponible sur http://www2.publicationsduquebec.gouv.qc.ca

Psy reichien très touche-à-tout: avez-vous déjà été confronté à ce type d’abus ? Au Québec, en matière d’inconduite sexuelle des professionnels, on applique la tolérance-zéro. En Belgique comme en France, c’est un sujet tabou. Partagez votre avis sur le sujet dans les commentaires (en respectant les règles de modération du blog). Merci.