New Age et Spiritualité ?
Dans les années 80, je croyais que le Nouvel Age était l’avènement du paradis sur terre. Je me suis trompé. Voici mon récit.
Je vous raconte une mésaventure que j’ai vécue lors d’un week-end de danse Soufi. Je n’en garde pas un bon souvenir. Voici mon récit.
Danse Soufi: évitez les États « Mortifiés » de Conscience (EMC)
Mes bras et mes jambes étaient comme paralysés. Conscient, je continuais à entendre la musique. Ma mâchoire aussi était figée ! Devant mes yeux le radiateur. J’avais envie de frapper dessus. Pour attirer l’attention. Impossible de bouger mon bras d’un millimètre. J’avais envie de crier: « Aidez-moi ! ». Ma mâchoire était bloquée. Impossible d’ouvrir la bouche.
J’avais l’affreuse impression d’être paralysé à 100 %.
Nous étions en 1983. Je participais à un week-end de « Danse Soufi ». Nous (les participants) tournions en cercle. En répétant un mantra. En respirant profondément. Et soudain, que s’est-il passé ? Ma tête a commencé à tourner, à tourner, à tourner,… Et je me suis couché par terre.
Je ne sais pas combien de temps, je suis resté seul. Recroquevillé dans cet état de « paralysie » (?). Après un certain temps, mon corps s’est « réveillé ». Petit à petit, il a repris goût au mouvement. Je savais maintenant déplacer une jambe. La deuxième aussi. Je pouvais bouger un bras. Je parvenais ensuite à ouvrir la bouche. Et enfin, je me suis relevé. Je pouvais à nouveau tenir debout.
Un week-end très «danse» en émotions !
Ce que je venais de vivre était bizarre et affreux. En fait, je venais de vivre la plus grande peur de ma vie. Et à ce moment, je n’avais qu’une seule idée en tête: rentrer chez moi. C’est ce que j’ai exprimé lors du tour de table.
Adepte d’un Maître spirituel du New Age (ou d’un gourou !). Emballé dans sa belle toge ??? orange. Le commentaire de l’animateur s’était limité en une seule phrase (que je n’ai jamais oubliée): « Là où tu étais, je ne pouvais rien faire pour toi ».
Aujourd’hui, j’aurais envie de lui répondre: « Mais alors, à quoi servez-vous ? »
J’avais vécu quelque chose de très désagréable. Quelque chose d’angoissant et de déstabilisant. Quelque chose que je ne connaissais pas. Et que je ne comprenais donc pas. Et l’animateur était incapable de me donner une explication.
Il m’a néanmoins laissé la liberté de partir. Merci pour la liberté. Mais, il y a un mais.
Pourquoi ? Parce que quand je rentre chez moi après avoir vécu « ce quelque chose de bizarre », je pars avec l’idée que je ne suis pas tout-à-fait normal ! Et dans ce genre de vécu souvent on culpabilise !
Paradoxe: j’étais venu chercher un mieux-être et je suis rentré chez moi avec une dose de ‘mal-être’ supplémentaire !
L’animateur a-t-il fait une erreur ? Je pense que son erreur est celle de beaucoup d’animateurs « en solo ». Il est l’animateur d’un groupe. Il doit donc être disponible pour le groupe. Et en étant disponible pour le groupe, il n’est disponible pour personne en particulier.
Solution ? Pourquoi ne pas prévoir un assistant chargé d’intervenir en cas d’urgence ? En cas de débordements d’émotions ? Et capable aussi de fournir une explication pour rassurer la personne en difficulté ? Il le savait mieux que moi. Ou peut-être ne le savait-il pas ? La « danse Soufi », ce n’est pas de la danse de salon !
Pourquoi ? Parce qu’il faisait « travailler » les participants sur leur respiration. Donc sur leurs émotions. Donc aussi sur ce que chacun a enfoui au plus profond du corps (et que la tête a peut-être oublié ?). C’est-à-dire: nos blessures, nos souffrances. (Et que le corps n’a pas oubliées !).
Quelle était ma part de responsabilité ?
Ceci étant dit, de mon côté, n’avais-je pas aussi fait une erreur ? Peut-être dois-je reformuler la question. Pourquoi avais-je choisi de faire de la danse Soufi ? Réponse: parce qu’un ami en avait fait. Et m’en avait parlé. Avec tellement d’enthousiasme. Que je m’étais inscrit au premier stage de danse Soufi que j’avais repéré (dans l’agenda d’une revue).
New Age: comment je me suis «ensecté» moi-même à mon insu !
Mon erreur était celle de beaucoup de personnes en recherche d’un mieux-être. Je m’étais emballé trop vite pour une technique. Je n’avais lu aucun article. Ni aucun livre sur le soufisme. Je n’avais demandé aucun renseignement à l’animateur. Je ne connaissais pas sa démarche.
Par contre, j’avais lu quelques livres de Bhagwan Shree Rajneesh . Et comme j’étais dans ma période « New Age », je n’avais aucune méfiance envers ce type de « Centre de développement personnel et spirituel » pour les uns et «étiquetté secte» pour les autres.
Plusieurs années plus tard, j’ai pu mettre des mots sur cette « chose bizarre ». D’après un psy, j’avais sans doute vécu un Etat Modifié de Conscience (EMC) provoqué par auto-hypnose. Je sais aujourd’hui que ce n’est pas quelque chose de grave. Mais je ne sais toujours pas pourquoi cela m’était arrivé lors du stage.
Et concernant les états Modifiés de Conscience (EMC), j’ai lu ceci:
«Le mode d’accès au monde de l’invisible exige une mise en condition particulière du psychisme, que nous dénommons état modifié de conscience, transe, hypnose, onde alpha, domaine du rêve, ouverture de l’inconscient, etc. Un état de réceptivité spécifique, de situation méditative, un moment où l’ensemble des participants entre en relation avec des zones du psychisme communément moins accessibles.» – Philippe Grauer (2)
Recevoir ce type d’information de l’animateur du stage m’aurait sécurisé et apaisé sur le champ. Mais ce n’était pas dans l’air du temps. Nous étions dans les années 80. Et dans la vague « New Age ». Et j’étais dans un centre labellisé ‘Rajneesh’. Ce monsieur n’avait pas été formé pour être psy. Ni pour donner des explications. Il avait suivi un cheminement pour devenir « Swami ». Et peut-être vivre dans la Lumière !
Rappelons ici que le thérapeute a un devoir d’information (il doit AUSSI prévenir du risque). Ceci est une règle déontologique (que ce « swami » ignorait sans doute !).
Enfin, avec le recul, je dirais que ce petit épisode de mon cheminement est tout-à-fait à l’image du… « New Age » ! C’est un fourre-tout où n’importe qui peut faire n’importe quoi !
New Age et spiritualité: ma recherche spirituelle chaotique
J’aimerais ici prolonger ce témoignage « New Age » par un petit bilan sur ma recherche « spirituelle » (dans le sens large du terme).
Au début de mon cheminement (et de mes errements), je cherchais dans tous les sens. Et j’étais ouvert à beaucoup de croyances. Exemples en vrac: j’ai fait partie d’un groupe d’Amis de l’Arche (de Lanza del Vasto), j’ai participé six fois au Pèlerinage de Chartes, j’ai lu des livres de Joseph Murphy, Omraam Aïvanov, Shree Rajneesh, etc…
La « communauté » m’intéressait (elle représentait sans doute la «famille aimante»). Mais entre l’Arche, Findhorn, le Cun du Larzac et AAO (Aktion Analystische Organisation), je ne voyais pas de différence ! Je sais aujourd’hui qu’Otto Muehl (AAO) a été condamné à 7 ans de prison.
A cette époque, j’étais souvent « sujet » à la déprime. Aussi quand je ne supportais plus de tourner en rond entre mes quatre murs, je m’évadais. Et je marchais dans les rues du centre de Bruxelles. Pendant des heures et des heures. Sans but bien précis. Et j’étais occasionnellement abordé dans la rue par des personnes inconnues. Elles avaient l’art de créer le contact et de s’intéresser à moi. A ma vie. Parfois aussi à mes problèmes.
Je ne savais pas que c’était des « recruteurs » de sectes. Certaines me proposaient « quelque chose » de concret (comme participer à un « test de personnalité »). D’autres souhaitaient me rencontrer chez moi pour prendre le temps de parler et de faire connaissance.
Les sectes ne m’ont jamais captivé mais le New Age m’a capturé !
Je n’ai jamais accroché aux leurs propositions « intellectuelles ». Par contre, plus tard, dans les années 80, j’ai complètement « surfé » sur la vague New Age. Et avec le recul, je pense que le « Love Bombing » (les chaleureux enlacements collectifs) y était pour quelque chose.
A cette époque, j’avais soif de vivre autrement et faim de symbolique spirituel. Mon appartement était devenu un mini-lieu de culte. Bougie allumée en permanence. Odeur d’encens. Musique d’ambiance zen. Je répétais le mantra de la compassion (« OM MANI PEME HOUNG ») à longueur de journée. Conséquence: je planais complètement. J’étais « déconnecté » de la réalité. (et de ma réalité !). Et je suis devenu une proie facile pour les « gourous du Mieux-être » et autres « vampires psychoaffectifs ».
En 1988, dans le même état d’esprit New Age (!), j’avais lancé le magazine « Vivre autrement ». Sous-titre: « le magazine des chercheurs de mieux-être ». Objectif: faire de la vulgarisation New Age. Une idée qui allait aussi être « récupérée » par d’autres personnes (de bonne volonté !)… qui ont elles aussi créé un autre magazine d’inspiration New Age (et nettement inspiré de mon projet !). En fait, ils ont « commercialisé » mon idée. C’était cela aussi le Nouvel Age !
A la naissance du magazine « Vivre autrement », beaucoup de personnes ont gravité autour de moi. Mais lorsque j’ai dû faire un « aveu de faillite », beaucoup de personnes (les mêmes !) m’ont laissé tomber. Et mon ancien propriétaire (et géobiologue) m’a même dépouillé de mes vêtements, de ma vaisselle, de mes livres, de mes matelas,… C’était cela aussi le Nouvel Age !
Analysez votre psy ! Analysez aussi votre guide spirituel !
«Une technique est pour une part bonne ou mauvaise suivant l’usage de l’on en fait et suivant la personnalité du thérapeute. Spécialement les psychothérapies.» – Jean Vernette et Claire Moncelon
«Apprendre à découvrir ce qu’est un vrai maître, en faisant l’effort intérieur nécessaire pour attirer cette chance dans notre vie, parvenir à comprendre et à apprécier ce que représente le maître et pourquoi cette fonction est nécessaire, est sans doute un aspect essentiel du chemin.» – Mariana Caplan
Aujourd’hui, avec le recul, je dois bien reconnaître que c’est durant cette période mystique que je me suis souvent – très souvent – fait duper. C’était cela aussi le Nouvel Age !
Et avec «le recul sur le recul», je peux aussi reconnaître (aujourd’hui) que je me suis souvent fait «dupé» par moi-même !
Mon conseil: il faut séparer psychothérapie et spiritualité ! Si vous êtes en recherche spirituelle, intéressez-vous à l’éthique de votre guide. Si vous avez envie de développement personnel, intéressez-vous à l’éthique de votre animateur ou de votre coach. Si vous envisagez une psychothérapie, intéressez-vous à l’éthique de votre psychothérapeute.
© Daniel Van Onacker, 2015 – Reproduction interdite. Partage sur les réseaux sociaux autorisé via les boutons ci-dessous.
Crédits Photos
(Méditation femme) – www.morguefile.com/creative/stresshacker
(Ciel-mer) – www.morguefile.com/creative/pippalou
(Ciel-Tournesol) – www.morguefile.com/creative/penywise
Bibliographie
• Caplan Mariana, Gourou, vous avez dit gourou ?, Éditions de La Table Ronde
• Franck Bernard, Lexique du Nouvel Age, Éditions Droguet & Ardant – Références
• Lacroix Michel, La spiritualité totalitaire – Le New Age et les sectes, Éditions Plon
• Ouvrage collectif, Profession: psychothérapeute, SNPPsy, Éditions Buchet / Chastel.
• Vernette Jean, Le New Age, PUF – Que sais-je ?
• Vernette Jean & Moncelon Claire, Les nouvelles thérapies, Presses de la Renaissance & J’ai lu Bien-être
Ethique des professionnels du mieux-être: une initiative intéressante
«Dans la vie spirituelle, il est très fréquent de se duper soi-même, autant, si ce n’est plus, que dans tout autre domaine de la vie.» – Mariana Caplan
«Échappant à toute obligation, à toute déontologie, à tout contrôle, les formateurs jouissent d’une liberté sans limites. Ils n’ont pas de comptes à rendre à leurs pairs, encore moins à une communauté scientifique ou à une institution reconnue. Ce Nouvel Age sans garde-fous peut donner le meilleur et le pire.» – Michel Lacroix
• «Charte des praticiens et acteurs du corps et de l’esprit» – A télécharger ici: www.gemppi.org
New Age et spiritualité: osez un commentaire «spirituel» !
«N’importe qui peut se prévaloir du titre de «maître spirituel» et ouvrir un séminaire de développement personnel.» – Michel Lacroix
Dans votre recherche spirituelle, avez-vous déjà été piégé par un «gourou» ? Ou par vous-même ? Partagez votre témoignage dans la zone ‘commentaires positifs’ ci-dessous (en respectant les règles de modération ici). Merci.
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