L’emprise: quand mon ex-psy applique son concept «prendre soin des autres», elle devient gourou. Il y a rapt du thérapeutique. Analyse dans cet article.
Dans cette série de trois articles, j’analyse la théorie loufoque de mon ex-psychologue et les conséquences de sa mise en pratique.
«Il existe maintenant toutes sortes de nouvelles thérapies qui peuvent séduire en promettant une guérison plus rapide, mais dont le fonctionnement est très proche de celui des sectes.» – Marie-France Hirigoyen
L’emprise invisible s’appelle «prendre soin des autres» !
• «Prendre soin des autres» (2/3) •
Dans ce deuxième article, je décris mon vécu lorsque la psychologue met sa théorie en pratique. Les faits se passent entre 2003 et 2005.
Quand mon ex-psychologue applique son concept «Prendre soin» à ses patients-clients, il y a ce qui est clair et ce qui ne l’est pas.
Ce qui est visible: mon ex-psychologue m’a invité plusieurs fois au restaurant. C’est plutôt agréable. Elle m’a fait des cadeaux (notamment un Bouddha). J’étais séduit par sa générosité. Et j’ai aussi participé à l’Atelier Yoga (qu’elle anime au Centre tibétain). Sans m’en rendre compte, elle m’a donc fait passer de son cabinet de consultation au… centre tibétain !
Ce qui est plus mystérieux: ce sont ses propositions de thérapie (?) dont elle ne fait aucune publicité. En 2003, elle m’avait proposé de faire le «Travail sur la mère» (je ne sais pas en quoi cela consiste). Et en 2005, elle m’a invité à faire le «Travail sur le toucher» en présence d’un observateur neutre. Et l’explicatif est pauvre:
« … le lien qu’il y aurait entre une idée, une sensation et une émotion que nous faisons évoluer dans le sens du mieux-être et du calme intérieur. »
Il y a aussi un paradoxe ! Il y a clairement une mécanique sectaire qui est mise en place pour convertir et amener ses patients et ses étudiants dans le bouddhisme (qui n’est pas une secte) !
Pourquoi le concept «Prendre soin» ne fonctionne pas en psychothérapie ?
Rappel du niveau 4 de la théorie de mon ex-psychologue:
« Prendre soin des autres. Le niveau le plus engagé et qui touche aux énergies du coeur. Et qui demande aux thérapeutes de choisir la voie de l’amour et de la sagesse. »
Voici ce que j’ai compris. En fait, il y a confusion des rôles entre le ‘thérapeute’ et le ‘bodhisattva’. Et ceci entraîne un conflit d’intérêt entre la psychologue (qui doit respecter la neutralité bienveillante) et le bodhisattva (qui veut/vœu prendre soin des autres et les mener à l’illumination).
On peut aussi reformuler les choses autrement. Dans le cadre d’une psychothérapie, la ‘neutralité bienveillante’ du psy n’autorise pas le bodhisattva à prendre soin du patient (= faire une bonne action par compassion). Inversement, le ‘prendre soin’ du bodhisattva oblige la psy à sortir du cadre, donc à renoncer à sa ‘neutralité bienveillante’. C’est la quadrature du cercle. C’est surtout ingérable pour le thérapeute. Il va donc se fâcher… sur ses patients !?!
Mais il n’y a pas que confusion des rôles et il y a aussi ‘fusion’ entre la psychologue (la fonction) et la femme (l’humain qui a adhéré au bouddhisme). Conséquence: elle est parfois psy et parfois bodhisattva. Et en fin de « conte », elle se mélange les pinceaux. La psy a perdu son ‘levier thérapeutique’.
Résultat: la psy n’est plus psy et la psychothérapie ne fonctionne plus. Mais elle ne remet pas en question sa fameuse (ou fumeuse) théorie !
Et que se passe-t-il si la ‘pseudo-psy’ continue à recevoir ses clients-patients en cabinet de consultation ? Il y a rapt du thérapeutique.
«Dans le rapt de la psychothérapie du patient, le rapt du cadre, le patient se retrouve ‘ensecté’ provisoirement pour avoir simplement voulu soigner ses blessures en recourant à une option que lui propose la société actuelle.» – Martine Maurer
Si la psy (qui n’est plus psy) continue la thérapie (qui n’est plus une thérapie) avec ses clients-patients, il y a abus de confiance. Et abus de pouvoir. La pseudo-psy va alors tout faire pour ‘paraître psy’ aux yeux de ses clients-patients (et même de ses collègues).
Pour se faire, elle va monopoliser la parole avec un langage savant ou philosophique (histoire de montrer son savoir et séduire) et elle va ‘infantiliser’ ses clients-patients (pour garder le contrôle). Elle va apprendre à mentir à ses clients-patients, à ses collègues, au lama du centre tibétain et aussi … à elle-même ! Et petit à petit, la « psy » devient manipulatrice et … gourou !
Mais ce n’est pas tout. Le bodhisattva (qui a fusionné avec la psy) a aussi une mission secrète pour les patients-clients de la psy: «mener ses patients à l’illumination (avec initiation à la méditation et au tantra?). Il va donc «ensecter» les patients de la psy.
Conséquence: la relation d’aide devient une relation d’emprise et de manipulation. Et tout ceci est merveilleusement camouflé par le bouddhisme (qui n’est pas une secte) et son appartenance à un centre tibétain (réputé «sérieux»).
En fait, la formule ‘prendre soin des autres’ a tout pour séduire les oreilles. Mais, ce concept appliqué au cadre thérapeutique conduit le thérapeute (?) à saborder son travail thérapeutique. L’inventeur de cette théorie est un charlatan qui n’a rien compris à son métier de psy ! Et elle n’a peut-être rien compris non plus au bouddhisme !
Résultat: c’est un DÉSASTRE THÉRAPEUTIQUE. Au minimum, les clients-patients ont payé pour une thérapie (?) totalement inefficace, inachevée ou incomplète. Et dans le pire des cas, les patients seront dans la «merdouille psychologique» pour un certain temps. Ils peuvent s’en sortir. Et ils peuvent aussi sombrer dans l’alcool, la drogue ou même… se suicider !
L’emprise sectaire (ou l’endoctrinement) en 3 étapes
1 – La séduction
2 – L’infantilisation
3 – L’initiation
La phase de séduction: ce sont les invitations au restaurant et les cadeaux.
La phase d’infantilisation: c’est (probablement) le ‘Travail sur la mère’. Aucune publicité publique.
La phase d’initiation: C’est, d’une part, l’atelier ‘Yoga-méditation’ (il y a un document publicitaire). Et c’est, d’autre part, le ‘Travail sur le toucher’ (il n’y a pas d’information écrite). Et donc je ne sais pas ce qu’elle « touche » précisément. Est-ce une initiation à la sensualité ? L’éveil de la kundalini ? Le Tibétan pulsing ? Du yoga tantrique au niveau des chakras pelviens ?
Si je me réfère au processus sectaire, c’est plausible, mais je n’en ai pas la preuve. Ceci dit, même si mon hypothèse était fausse, il y a ici au minimum une faute déontologique.
«Sa» technique psycho-corporelle®: l’autre mensonge !
En analysant les documents de mon ex-psy, j’ai fait une autre découverte. Ma psy fait croire (depuis 20 ans et plus) qu’elle a inventé une technique psycho-corporelle. Avec un petit ® puisque c’est une marque déposée (que je ne peux donc pas citer).
Comment décrire «sa» technique ? C’est une forme de massage le long des méridiens d’énergie et elle insiste sur certains points d’acupuncture. Cela ressemble à l’acupression (ou acupressing, acupressure, digitopression, etc…).
Dans ses documents, elle ne parle jamais ni de méridiens d’énergie, ni de points d’acupuncture. Il y a mensonge par omission.
En fait, elle n’a pas inventé une nouvelle technique. Elle a simplement changé le nom d’une technique existante (qui fait partie des Médecines Traditionnelles Chinoises).
Il faudrait parlé ici de contrefaçon intellectuelle.
«Il existe également des enseignements où différentes techniques, méthodes ont été rebaptisées par l’animateur qui les enseigne comme s’il les avait créées lui-même, les ajustant selon sa propre représentation et ses propres intérêts.» – Martine Maurer
Dans le troisième article de cette série, je vous parlerai de ce qui se passe lorsque je mets fin à la relation avec mon ex-psy (ou avec mon gourou).
© Daniel Van Onacker, 2015 – Reproduction interdite. Partage sur les réseaux sociaux autorisé via les boutons ci-dessous.
Crédits photos
(Massage) www.morguefile.com/creative/grietgriet
(Verre hypnotique) www.morguefile/creative/markgraf tumbr
(Sourire) www.morguefile.com/creative/prawny
L’emprise: quelques livres pour approfondir le sujet
• Abgrall Jean-Marie, La mécanique des sectes, Éditions Payot & Rivages,1996
• Caplan Mariana, Gourou, vous avez dit gourou ?, Editions de la Table Ronde, 2003
• Hirigoyen Marie-France, Le harcèlement moral, Editions Syros & La Découverte
• Lacroix Michel, La spiritualité totalitaire – Le New Age et les sectes, Editions Plon, 1995
• Lardeur thomas, Les sectes, Editions des presses de la renaissance, 2004
• Maes Jean-Claude, Aux prises avec l’emprise sectaire (PDF à télécharger ici)
• Maurer Martine, Comment choisir son psychothérapeute, Éditions Hommes et Perspectives
• Nogaret Anne-Sophie, Bien choisir son psy, Éditions Hachette, 2004
• Pelletier Pierre, Les thérapies transpersonnelles, Éditions Fidès, 1996
• Vecchiali Hélène, Guerre et Paix chez les psys, Éditions Calmann-Lévy, 2006
• Vogel Norbert, La Malpsy®, Editions des Presses de la Renaissance, 2004
L’emprise des pseudo-thérapeutes: partagez votre vécu !
« La ‘nouveauté’ peut être une qualité dans le domaine de l’informatique, mais elle doit inciter à la plus grande méfiance sur le terrain de la psychothérapie. Car si l’on avait découvert le microprocesseur du bonheur, cela se saurait. » – Norbert Vogel
Avez-vous déjà été sous l’emprise d’un thérapeute ? Partagez votre expérience dans les commentaires ci-dessous (en respectant les règles de modération). Merci.
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