Développement personnel ou psychothérapie ?
Les deux démarches sont complémentaires. Mais mieux vaut ne pas se tromper d’adresse ! Récit d’une mésaventure.
En 1980, je m’étais inscrit à un stage d’été d’expression libre. Mais ce n’était pas du tout ce que j’imaginais. Lisez mon témoignage ci-dessous.
Stage d’expression libre ou groupe de Gestalt-thérapie ? (1980)
A cette époque, j’avais envie de vacances expressives et « ré-créatives ». J’avais déjà participé à un atelier d’expression libre à Bruxelles (Un mélange d’impro théâtrale, d’expression corporelle et de relaxation sensorielle). J’accrochais très bien à cette formule. Et j’avais envie de continuer à explorer… sans autre motivation.
Nous sommes en 1980. Je m’étais inscrit à un stage de vacances intitulé: « Expression libre ». Mais dès le premier jeu… de rôles, j’avais compris que je m’étais trompé d’adresse. En fait, sans le savoir, j’étais tombé dans un groupe de… Gestalt-thérapie ! Et je n’avais vraiment pas envie de ça !
De mon côté, je me sentais très mal d’être là où je n’avais pas choisi consciemment d’être. Suite à la précédente mésaventure, j’avais une répulsion envers le statut de l’animateur: Gestalt-thérapeute. Et de plus, je n’accrochais pas du tout à son personnage « grande gueule » !
Comment sauver mon développement personnel ?
Que faire ? Ou plutôt comment le dire ? A vrai dire, il me faisait peur. Peut-être parce que j’avais déjà vécu une mauvaise expérience avec un psy (précédemment). J’avais envie de rentrer chez moi. Et le plus vite possible.
Le deuxième jour, j’ai donc quitté la résidence. Le stage. Le groupe. Sans prévenir personne ! Dès que je suis sorti de cette maison, ce fut le grand soulagement. Mon malaise s’est évaporé. Je me sentais libre.
Quelques jours plus tard, coup de théâtre !
Une lettre. Le ton froid. Le style administratif. Le gestalt-thérapeute m’apprenait que je devais payer le solde du stage puisque… j’avais signé un bulletin d’inscription ! Pour ma part, il n’était pas question de payer un stage auquel je n’avais pas participé. Je ne réponds donc pas à son courrier. (Précision: j’avais payé un acompte qui couvrait largement les frais de mon seul jour de présence).
Développement personnel ou développement d’ego personnel ?
Qu’avait-il fait ensuite ? Il a continué à m’envoyer une lettre de rappel. Tous les deux mois environ. Et cela pendant environ un an. Je commençais à me sentir persécuté… « par un psy » !
De plus, (chose très désagréable) ses lettres commençaient toujours par la même formule: « Cher Daniel, j’espère que tu vas mieux ». Comme s’il m’était impossible d’aller bien… sans lui ! Pensait-il vraiment être indispensable à mon mieux-être ?
Au bout d’un an, sans réponse de ma part, il avait alors choisi d’aller plus loin. De frapper (psychologiquement) encore plus fort.
Un matin, je recevais une lettre recommandée. Avec la même exigence. Mais il avait ajouté une menace. Si je ne payais pas dans les sept jours, il transmettrait mon dossier à son avocat. Pour poursuite judiciaire !
S’il avait été devant moi, ce jour-là, je lui aurais cassé la gueule ! Cette fois, la coupe était pleine. A mon tour, je lui répondais par lettre recommandée. Et je vidais mon sac !
Je me rappelle lui avoir parlé de sa publicité qui m’avait induite en erreur. Elle proposait un stage résidentiel d’expression libre. Et non pas un groupe de gestalt-thérapie. Elle ne disait pas qu’il était lui-même gestalt-thérapeute. Je lui avais donc reproché de faire de la publicité mensongère (ou trompeuse).
Je me rappelle aussi lui avoir demandé pendant combien de temps encore allait-il me persécuter avec ses lettres. Il n’a jamais répondu. Mais au moins, il avait arrêté son harcèlement de courrier administratif.
A l’époque je ne savais pas qu’un Gestalt-thérapeute avait l’obligation morale de respecter une déontologie. Et lui, le savait-il ?
Avec le recul, que m’a apporté cette mauvaise expérience ?
Première réflexion. Il faut se méfier de la publicité. Elle ne dit pas tout. S’inscrire à un stage, en faisant uniquement confiance à un document publicitaire, c’est prendre un risque. Voilà sans doute mon erreur.
Ceci étant dit. Les dernières publicités concernant les activités de ce gestalt-thérapeute (que j’ai vues dans diverses publications) sont bien faites. Et très claires. Il a amélioré sa communication avec le public.
Deuxième remarque. Me sentir persécuté par un psy (?), j’avoue que ce fut une expérience difficile à gérer. Voire troublante ! A chaque lettre que je recevais, je sentais son besoin de « domination » grossir et s’amplifier !
Il me semble que, lorsque je l’avais rencontré (il y a environ vingt ans), il avait une passion démesurée pour le pouvoir (ou l’abus de pouvoir ?). Un grand besoin aussi d’être « le centre » du groupe. Je pense (mais j’espère me tromper) qu’il a dù faire beaucoup de dégâts chez pas mal de gens à cette époque.
Le développement personnel peut nuire à votre bien-être !
Conséquence. Il m’a donné une image très négative de la gestalt-thérapie. Du gestalt-thérapeute. Du thérapeute en général. Et, il a aussi freiné mon cheminement. Pourquoi ? La réponse va de soi: quand on se sent persécuté par un « psy », il est difficile d’envisager faire une psychothérapie avec …un autre psy !
Gestalt-thérapeute est aussi une profession non réglementée. Et ce vide juridique a un avantage (pour lui): il ne devra jamais « payer » pour ses erreurs psychologiques ou déontologiques ! Ou pour son abus de pouvoir !
Concernant mon départ « à la sauvette », je pense que le thérapeute (ou l’animateur) doit laisser au participant la liberté de partir. Quand il en ressent le besoin. Pour quelques raisons que ce soit. S’il ne respecte pas cette liberté. Il n’est plus thérapeute. Il devient gourou, tyran ou dictateur !
Analysez… votre animateur en développement personnel !
«Soyez donc attentifs, car les annonces publicitaires que vous pourrez lire dans les journaux spécialisés entretiennent souvent la confusion.» – Marie-Louise PIERSON
«Méfiez-vous des publicités qui allèchent par de mirifiques promesses de résultats rapides ou qui font miroiter des mirages d’orient !» – (Ouvrage collectif – SNPPsy)
Il me semble indispensable que l’organisateur ou l’animateur de tel stage prévoit dans les modalités pratiques (donc écrites) une « clause » pour permettre aux participants de quitter le groupe – à un moment précis. Par exemple: après une première journée à l’essai.
Et pour éviter toute ambiguïté, l’animateur doit clairement annoncer la couleur (de ses activités) dans son document publicitaire: groupe de gestalt-thérapie ou stage de développement personnel.
Concernant ce stage, le fond du problème était bien une publicité trompeuse (ou l’absence d’une information claire et précise). Il n’y avait pas non plus de conditions générales, ni charte de bonne conduite entre les participants.
Avec le recul, je dirais que cette mésaventure est un « bel exemple » de confusion (des genres). Il y avait confusion entre l’expression libre (développement personnel), la gestalt-thérapie (psychothérapie) et la vie communautaire (donc une thérapie de groupe).
Il y avait peut-être aussi confusion (de rôles) avec les multiples casquettes du « thérapeute »: il était docteur, gestalt-thérapeute, animateur de groupe ! Et il était aussi « le centre » du groupe ! En fait, ce thérapeute n’était pas au clair avec lui-même.
Avec le recul, je pense que m’enfuir était la bonne décision.
Ce n’est pas tout. Quelques années plus tard (en 1990), j’étais animateur d’un atelier Clown. Et surprise, ce gestalt-thérapeute souhaitait y participer. Je lui ai dit non.
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Crédits Photos
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(Danseurs) www.morguefile.com/creative/DodgertonSkillhausse
(Mains stylo) www.morguefile.com/creative/jdurham
Développement personnel ou psychothérapie: comment faire le tri ?
Premier conseil: méfiez-vous des annonces que vous trouvez dans les revues gratuites diffusées en magasins d’alimentation bio et sur certains sites web du type «nébuleuse New Age» rebaptisé mieux-être ou bien-être.
Livres
• Ouvrage collectif, Profession: psychothérapeute, Editions Buchet/Chastel
• Pierson Marie-Louise, Guide des psychothérapies, MA Editions
Articles
• Jacquot Hélène, Différences entre coach et consultant, formateur ou psychothérapeute.
• Catherine ?, Comment faire la différence entre Psychothérapie et Développement Personnel ?
• Lemoine Laurence (Psychologies), Comment bien choisir son stage de développement personnel ? Mai 2005.
• Psychologies, Stages d’été: comment faire le bon choix ? Mai 2010.
• Sousa Alain (Doctissimo), Dérives sectaires: gare aux stages bidon !
Développement personnel ou psychothérapie ? Votre réaction !
«Les méthodes de développement personnel, de formation, ou de rééducation psychologique proposent cependant une démarche qui diffère de la psychothérapie proprement dite: l’objectif dominant n’est pas le dénouement de la problématique mais plutôt le développement direct ou l’apprentissage de capacités, d’attitudes, de moyens d’expression de soi, de sensations de bien-être, etc.» – Yves Lefebvre (dans ‘Profession, Psychothérapeute’)
Avez-vous déjà été «piégé» par la confusion des genres (développement personnel ou psychothérapie) ou par une publicité «pas très claire». Partagez votre expérience dans les commentaires ci-dessous (en respectant les règles de modération). Merci.
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